La Leçon de Tennis avec Paul-Henri Mathieu
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Les joueurs de tennis sont des solistes professionnels. Paul-Henri Mathieu nous en a donné la preuve un après-midi de juin, sur le court central de Jean-Bouin, au pied du Parc des Princes, à Paris. Après trois heures d'entraînement dans la torpeur de ce début d'été, le Français et son sparring-partner continuent d'échanger la balle avec une précision et une régularité de métronome. Sans rechigner. « C'est tous les jours le même rituel, se marre « PHM » quelques minutes plus tard. L'entraînement, c'est fait pour répéter nos gammes : échanges de coups droits et de revers à l'infini et séquences spécifiques pour travailler le service, qui reste la base de notre sport. » Saisissant un panier de balles, il propose alors de tâter un peu de son quotidien. Direction le court.
Fluidité et régularité
Premières balles, premiers conseils : « Ton geste est bon, mais ne cherche pas à taper fort à chaque fois. Pour vraiment progresser, il faut simplement penser à délier ses coups et à bien les finir. La puissance vient après la maîtrise. L'entraînement, ça ne sert pas à gagner des points. » On se concentre alors sur la position du corps, la finition de son coup et la maîtrise de l'espace. On gagne alors en fluidité et en régularité. Vient ensuite l'irrépressible envie de monter au filet, en espérant une volée, un point gagnant... Inventée par le Britannique Spencer Gore, vainqueur du premier Wimbledon, en 1877, la volée est une arme aussi spectaculaire que décisive. Nouvelle leçon de style : « Le secret de la volée, c'est le fléchissement des genoux. Il faut aussi juger très vite la vitesse de la balle et les distances entre le corps, la raquette et la balle. Il faut arriver sur la balle en effectuant de petits appuis et garder le bras ferme. » Après trois quarts d'heure de jeu très rythmés - d'où une perte flagrante de lucidité et un sérieux coup de fatigue - nous sommes encore très loin de la charge physique qu'il s'impose à chaque séance. Paul-Henri Mathieu passe ainsi quatre à six heures par jour sur le court - « plus des séances de muscu » - hors tournoi et une heure et demie les jours de match. Adieu le mythe des joueurs fantasques des années 80, qui préféraient courir les filles la nuit plutôt que la petite balle jaune de bon matin. Aujourd'hui, la vie d'un tennisman paraît rude et monacale. Et autrement éreintante... « C'est fou comme ces mecs martyrisent leur corps, confirme Christophe Gaillard, kiné-osthéopathe au team Lagardère. Tout est sollicité dans le tennis. Il faut les remettre sur pied tous les jours et les préparer pour le lendemain. »
« Soigner sa séance »
On se demande alors quand ces gars-là trouvent le temps de peaufiner les coups de folie qui sortent parfois de leur raquette. « L'inventivité vient en match, en fonction de l'adversaire, de la pression et de nos sensations », explique Paul-Henri Mathieu. Dans ce milieu superstitieux - André Agassi, par exemple, ne marchait jamais sur les lignes du court en pénétrant sur le terrain - on s'attendait à quelques gimmicks d'entraînement. « C'est vrai qu'on a des "trucs" quand on est jeune. Moi, je voulais toujours finir sur une bonne séquence ou un bon point. Mais avec l'expérience, on cherche autre chose. L'important est de soigner sa séance en étant le plus dense et le plus complet possible. » Pour finir, on demande à « Paulo » de passer en mode « pro », à cette vitesse que les retransmissions télé n'arriveront jamais à restituer pleinement. Pour info, le coup droit suit une trajectoire insaisissable avant de « s'écraser » au sol dans un improbable effet. Et les quelques services balancés à vitesse réelle sont hors d'atteinte, exceptée une seconde balle mollement retournée..
source: menstyle.fr
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